lundi 14 novembre 2011

La sensitive

Ci-dessous un dessin de cette plante :
D'après Francisco Manuel Blanco, Flora de Filipinas (Atlas II, f° 253), 1880-83
   Cette fleur pourrait presque être confondue avec une simple mauvaise herbe et passer inaperçue auprès de nombreuses personnes. Qu'a-t-elle d'exceptionnel ?
Tout d'abord, son nom : pourquoi l'appelle-t-on sensitive ? Arriverait-elle à sentir les "contacts" du monde extérieur ? Il existe déjà de nombreux débats sur la question du ressenti des plantes, sur le fait qu'elles pourraient ressentir du mal ou du bien selon la façon dont on les traiterait ; mais il n'y a pas encore de réponse scientifique officielle quant à cette hypothèse...
Comment, ici, peut-on être sûr qu'elle ressent les "contacts" des éléments comme la pluie, le vent, des herbivores ou des humains ?

   La sensitive, originaire d'Amérique tropicale, possède une particularité qui permet de vérifier d'une manière illimitée qu'elle sent bien un "contact" lorsqu'elle est "touchée" par des éléments, c'est à dire de vérifier qu'elle peut réagir face à des stimuli externes comme le toucher, la chaleur, le souffle ou des secousses.
En effet, la plante présente une thigmonastie face à ces stimuli : elle replie ses feuilles et ses tiges en quelques secondes, plus ou moins selon l'intensité du stimuli. La sensitive a des cellules spécialisées permettant ce mouvement, des cellules "motrices" permettant à la plante de déplacer l'eau contenue dans ses cellules suivant les stimuli, engendrant un repli de la plante aux zones stimulées. Le nom latin de la sensitive montre une image très charmante de cette fleur : mimosa pudica vient du latin mimus : « mime » et pudicus : « pudique/chaste/timide », comme si la plante se repliait sur elle-même par timidité.
   Si elle ne se replie pas par timidité, des scientifiques ont pu démontrer qu'elle se repliait tout d'abord pour se protéger des prédateurs : lorsque la plante est repliée, elle semble avoir moins de feuillages, donc être moins appétissante pour les herbivores. D'autre part, le fait qu'elle puisse se replier aussi lors d'une tempête ou d'une inondation par exemple lui permettrait de mieux supporter les intempéries. Certains scientifiques ont émis une autre hypothèse pouvant expliquer cette thigmonastie : comme la plante est courante dans les zones tropicales (fortes pluies suivies de longues périodes sèches), le fait qu'elle se replie lors des pluies permettrait à la terre de mieux s'imbiber d'eau et lorsque le soleil revient, l'ouverture de la plante empêcherait un dessèchement de la terre trop rapide.
   Cette plante, en plus de se protéger des évènements extérieurs, a une autre caractéristique principale, dont les scientifiques n'ont pas réellement encore trouvé la fonction : c'est une espèce nyctinastique, c'est à dire qu'elle replie entièrement ses feuilles et ses tiges la nuit –sans autre stimuli que la lumière ou l'absence de lumière– et déplie ses feuilles et ses tiges à la levée du jour.

Ci-dessous un aperçu du phénomène de la thigmonastie :

J'ai moi-même créé un montage d'extraits vidéos tirés de ces sites :


N.B. : La sensitive est considérée comme une mauvaise herbe en Nouvelle-Calédonie. En effet, elle prend facilement racine et quand on marche dessus ses épines peuvent provoquer des blessures qui s'infectent.


Références :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Sensitive
Un document très détaillé au niveau cellulaire de la plante : La Thigmonastie chez les plante - Master VRV (Valorisation des Ressources Végétales) ; 2011, Di Pascoli T. et Guillou S., Analyse bibliographique et communication scientifique : la thigmonastie chez les plantes, Master 1 - Biologie et Valorisation des Plantes, Université de Strasbourg, 31 p.

1 commentaire:

  1. Elle se referme la nuit et s'ouvre le jour... c'est bien pour la photosynthèse. D'autres plantes le font-elles aussi ? MD

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